mardi 6 juin 2017

Les stars locales – Acte II




Ok, vous devez avoir un bon aperçu de l'île maintenant. Mais c'est pas fini ! Il est vrai qu'il n'y a pas  énormément d'espèces animales, mais elles sont toutes assez exceptionnelles. Je vais donc continuer de les présenter.

Les manchots royaux, sont stylés, mais je les trouve trop médiatisés par rapport à leurs autres potes manchots. Les prochains sont toujours très classes, comme en smoking, ils sont un peu plus petits que les royaux. C'est le manchot papou ! Je trouve que c'est le plus dégourdi des manchots. Il court assez vite, tout en se dandinant (c'est très drôle à voir !). Ils se reproduisent en hiver, on commence donc à les voir arriver en masse sur certaines plages.


Un gang de manchots papous au Jardin Japonnais


Ensuite il y a les excentriques. Les gorfous. Il y a deux espèces sur l'archipel : le gorfou sauteur (parce qu'il se déplace en sautant...malin !) et le gorfou macaroni (parce qu'il se nourrit presque exclusivement de pâtes Lustucru). Ils ont comme des grands sourcils jaunes ou orange, qui leur donnent un air pas très crédible. Mais enfin, on les adore !


Un Gorfou macaroni




Gorfou sauteur jouant à faire des ombres chinoises


Vous savez tout des manchots ! Maintenant, je vous présente un oiseau occupant le côté obscur de Crozet. Il n'est pas très beau, il sent mauvais, il nous vomit dessus et en plus, il mange des bébés manchots. Mais il est de partout ! Il faut absolument le découvrir (roulement de tambour) : Le Pétrel géant ! Une espèce prédatrice qui se nourrit des autres espèces présentes sur l'île : un peu de manchots, un bébé otarie ou éléphant de mer. Ca paraît méchant mais il faut bien se nourrir dans les australes. C'est sympa de pouvoir voir des prédations. Une action qu'on n'a pas la chance de beaucoup voir en métropole. Une facette de la vie sauvage.



Un groupe de Pétrels géants se battant un bébé manchot




Gros plan sur l'assassin


Cela suffit pour les animaux à plumes. Ils sont beaux mais ils n'ont rien dans le crâne (pour me mettre tous les ornithos à dos...cordialement.). Place au beau, au gros, au lourd ! J'adore les mammifères marins. Depuis que je suis ici, tout y est passé. Des "petits" comme les orques, jusqu'au plus gros du monde, la baleine bleue, en passant par le cachalot, baleine à bosses, baleine franche, rorqual commun...On est généralement super excité au début de voir ça, puis on reste sans voix. Tellement gros ! C'est fantastique de pouvoir observer des animaux comme ça.


Baleine franche plongeant pour chercher de la nourriture



Orque femelle en approche !



Et elle n'est pas seule !



lundi 1 mai 2017

Une île aux mille facettes




            Comme je l'ai déjà exprimé dans les derniers articles, l'île de la Possession est très riche en diversité de paysages. Bien que la plus grande partie de l'île soit recouverte de cailloux, on trouve quelques habitats d'un vert intense, en contraste avec les roches qui peuvent être rouges, noires ou blanches, avec toutes les nuances possibles et inimaginables. Je vous propose un petit parcours autour de l'île...Pour mieux situer les sites que je présente, voilà une petite carte de l'île.


Cartographie de la Possession


            On commence par partir de la base direction le Nord, direction BUS. Pendant l'OP1 (passage du Marion Dufresne fin Mars), j'ai eu la chance de faire un tour d'hélicoptère pour amener du matériel scientifique à la cabane de Pointe Basse. J'ai donc traversé l'île par les airs. Difficile de prendre des photos à travers la vitre, mais voilà un petit aperçu de la vallée des Branloires, débouchant sur BUS et le Morne Rouge.


La vallée des Branloires, BUS et le Morne Rouge depuis hélicoptère.


            En continuant la côte, après avoir passé la crête de l'Alouette, on arrive jusqu'au Cap de l'Antarès. Ca nous donne un autre point de vue du Morne Rouge, tout comme le rocher pyramidale, ce gros roc sortant de l'eau. La photo est prise de la plage du Val intime, une plage calme, avec quelques otaries et des éléphants de mer faisant bronzette dans les algues.

Le Morne Rouge et Rocher Pyramidal depuis la plage du Val intime



            Plus loin encore, voilà un coin de l'île très peu fréquenté, d'abord à cause d'un accès délicat et aussi pour préserver ces habitats fragiles. Je n'ai pas encore eu la chance d'y faire un tour (en tout cas avec un temps favorable aux photos, héhé), je vais donc passer directement au massif de Jules Verne. Il culmine à 789 m d'altitude, offrant ainsi un point de vue sensationnel sur l'île. En plus de ça, son ascension est assez ludique ce qui en fait un de mes sites favoris sur la Possession.


Paysage depuis les Monts Jules-Verne



            Au premier plan, c'est le Jardin Japonais, paradis des Otaries et des manchots, on y trouve la plus grande manchotière de l'île. Plus loin, c'est le champ des Albatros, puis vient une crête qu'on appelle la Queue du Dragon. Au dernier plan, on aperçoit les Moines et la Roche percée. C'est de ce côté que continue le tour. Direction la Mare aux éléphants (MAE), un site magnifique juste derrière la queue du Dragon, avant les Moines.


La Mare aux éléphants et sa colonie de Manchots royaux. Au loin, les Moines sur la gauche, et la Roche percée au centre.



            Direction les Moines. C'est un des endroits les moins fréquentés de l'île, surtout à cause de l'éloignement et de la difficulté d'accès. Il faut dormir sous tente là-bas pour avoir le temps de faire les manipes prévues dans ce secteur. C'est aussi un des endroits les plus beaux de la Possession.

Le site des Moines sortant de la brume


           
            Si on continue notre tour, on arrive dans un secteur encore moins fréquenté, nous sautons donc directement à la Baie de Lapérouse, que vous connaissez déjà (Cf article sur la cabane de Lapérouse). Après avoir passé le Cap du Galliéni, on trouve un bord de côte magnifique jusqu'aux Rochers de la Fortune.

Les Rochers de la Fortune et le Cap du Galliéni depuis le Cap du Gauss



            Pour rejoindre la base, on passe une multitude de vallons, tous aussi charmants les uns que les autres. On y trouve aussi la crique de Noël, un petit coin de paradis. Il y a presque tous les animaux de l'île, mais en petits groupes. Tout y est petit...sauf les éléphants de mers.

La Crique de Noël



            Je pense que ça donne un bon aperçu des paysages qu'on peut trouver sur le tour de l'île : cascades, hautes falaises, îlots...il y a vraiment de quoi s'émerveiller !

mercredi 5 avril 2017

Les stars locales


Il parait que ça fait longtemps que je n'ai pas publié sur le blog...c'est vrai, j'étais un peu à fond ces derniers temps.

Ici, l'hiver commence, nous nous retrouvons à 23 sur la base pour presque 5 mois. Ça rigole plus ! Je vais avoir moins de manipe sur le terrain et j'aurai donc plus de temps à consacrer à la rédaction d'articles pour ce blog.

J'ai présenté les 3 cabanes de l'île, je vais présenter maintenant ses petits et grands habitants. Je travaille surtout sur les petits, les très petits, les trop petits ! Mais c'est moins sexy de présenter une mouche qu'un manchot...alors je vais commencer par les "stars" !

Quand on entend parler des australes, il est impossible de ne pas parler des manchots royaux et des albatros !

Les manchots royaux vivent en colonies, qui peuvent être parfois trèèèès grandes, avec des milliers de couples. On trouve les colonies en bord de mer, dans les petites criques et sur les plages. Ambiance vacances !


La plus grande colonie de l'île au Jardin Japonais


Le débarquement version Crozet 2017


Le manchot by night

Je pourrais faire un blog entier sur les manchots royaux...je croule sous les photos, entre les poussins, les ados, les adultes, les séniors et ceux qui servent de repas aux carnassiers locaux...On verra ça ensemble à mon retour.

Parlons un peu des Albatros...c'est quand même le plus grand oiseau du MOOOOONDE ! Il peut atteindre une envergure de 3,50 m...Sans être blasé, ça ressemble à une très très grosse mouette, en moins pénible et avec une certaine élégance quand il est dans les airs. Même topo...j'ai trop de photos...en voilà quelques-unes.


Parade au soleil couchant


Grands Albatros en vol avec l'île de l'Est en arrière plan

Planeur de Crozet

Bon les piafs c'est sympa, mais il ne faut pas s'y éterniser non plus. Les autres stars sont plus volumineuses...on peut commencer par l'éléphant de mer. Des bestioles plutôt calmes, passant la moitié de leur vie, dans des flaques de boue à se faire dorer la pilule (oui, il y a du soleil et ça tape sévère !). Occasionnellement, on peut voir des combats...c'est pour la digestion.


Une femelle borgne...les combats font des dégats !


Un gros mâle en pleine action

Je vais finir par les otaries ! Il y a 2 espèces sur l'île : l'Otarie de Kerguelen et l'Otarie d'Amsterdam. (On n'a toujours pas découvert l'Otarie de Crozet...). Elles sont plutôt sympas quand elles sont loin de nous. Sinon, elles grognent, chargent et essayent de nous mordre. Il faut bien casser la routine ! Et ne pas essayer de faire la course avec une otarie, elles sont particulièrement rapides.


Deux otaries d'Amsterdam mâles

Une petite famille d'otaries de Kerguelen

Faut pas le chercher !

Bon il y a d'autres stars mais je présenterai ça plus tard, c'est fatiguant de faire des articles.

N'hésitez pas à me soumettre des idées pour les articles du blog !

lundi 6 février 2017

La cabane véritable

Il ne reste plus qu'une cabane à présenter. Et pour le coup, on peut vraiment parler de cabane : La Pérouse. Elle se trouve au bord d'une rivière, dans la vallée des Géants. Elle porte ce nom car elle est entourée des 2 plus gros massifs de l'île : le Mascarin (934 m) et le Mischief (921 m). On se croirait presque en haute montagne. De la base, il faut environ 4 h pour y arriver, en passant par le plus grand lac de l'île, le lac perdu.
Photo : Lac perdu et pic du Mascarin



La cabane est très petite, avec une capacité d'accueil de 4 personnes, entièrement en bois et sans électricité ! Ouf, un peu de dépaysement...Ca permet de se faire des bons p'tits repas à la bougie et de longues parties de cartes à la lumière des flammes. Sa terrasse 5 étoiles est très appréciée quand il fait soleil, avec un panorama magnifique sur le point culminant de l'île !

Photo : La petite cabane et le pic Galliéni à droite


Les sites aux alentours sont d'exception. Il y a la plage de La Pérouse, avec son arche imposante, où se reproduisent beaucoup d'otaries et d'autres bestioles à plumes. Une forme géologique particulière surplombe la plage : de la roche de couleur claire, qu'on appelle "le crayon". La proximité de la plage et des sommets aux alentours est assez particulière. Tout est à notre portée dans cette vallée où on se sent petit.

Photo : La plage de la Pérouse, le crayon et le pic Galliéni


Malheureusement, pour mon premier la Pérouse, il n'a pas fait très beau...au programme donc, des sorties hors cabane dès qu'il pleuvait moins, direction la plage ou la tour blanche (autre site remarquable du coin) ou encore la vallée des géants en remontant la rivière direction le Mischief. Sinon, les cartes ont pas mal été usées, et les bib' de vinasse bien entamés. Notons aussi que c'était la dernière cabane avec nos prédécesseurs, il fallait donc fêter ça ! Pour revenir à des choses plus sérieuses, parlons de la tour blanche. Encore une belle marque géologique, témoin de l'activité volcanique de l'île. Elle se trouve sur une crête au dessus de la cabane, d'une couleur blanche (ça fonctionne avec le nom ! Malin !) et en forme d'orgues. Le spot idéal pour un coucher de soleil !

 
Photo : La tour blanche


Une journée, nous avons tenté de nous avancer en direction de Mischief. Mais la météo nous a vite rappelé que nous étions à Crozet. La neige a commencé à tomber drue, et les paysages se retrouvèrent blancs .c'était tellement beau ! Une ambiance dans le noir et blanc déroutante. On a donc abandonné l'idée de monter au sommet, et en avons profité pour faire des relevés d'insectes.

Photo : Sous la neige en haut de la vallée des Géants


Le séjour était terminé, et la dernière soirée ainsi que le lendemain matin ont été une invitation à une prochaine sortie dans cette cabane : les lumières du soir nous on offert un beau spectacle, et la neige des sommets ressortait pas mal avec le ciel bleu de la matinée du départ...Réel coup de coeur pour ce coin de l'île et pour cette petite cabane bien confortable !

Photo : Lumière du soir bonsoir
 



Photo : Pic du Mascarin



Photo : Pétrel Géant Subantarctique

jeudi 26 janvier 2017

Une virée à l’autre bout de l’île




Après le magnifique transit de BUS, il était temps de passer à la prochaine cabane de Crozet, la plus éloignée de la base d’Alfred Faure : la cabane de Pointe Basse.

On met environ 5h 30 depuis la base, en passant par des petites vallées, des grands plateaux et des cols. Ça permet de se faire une bonne idée des paysages de l’île. C’est parti pour 5 jours !


Direction le brouillard


La marche a été particulièrement rude, avec des rafales de vent de dingue, de la grêle qui vient nous fouetter le visage (port du masque obligatoire). Nous atteignons une altitude de 600m sur un col. Ambiance hivernale et presque extrême. On ne voyait pas à 10 mètres, et je peux vous dire qu’on n'a  pas pris le temps de boire le thé là-haut. Descente direction la cabane, on est bientôt arrivés.

La cabane ? Les cabanes ! Et oui, il y a la cabane cuisine, le dortoir, la réserve de nourriture, la chambre d’amis et le local technique. Bien sur l’électricité est au RDV. Il ne manque que l’eau courante. 


Les cabanes


Pendant les 3 jours de terrain, nous avons eu la chance d’avoir une météo vraiment cool. Au programme : de la récolte d’insectes dans différents sites autour des cabanes. Il y a le Jardin Japonais (J-JAP pour les intimes), le champ des Albatros et les Monts Jules Verne. Trois sites proches, mais vraiment différents, offrant des contrastes plutôt sympas.

A J-JAP, découverte avec mes premières otaries. Nous avons eu droit a un accueil chaleureux « GGGrrrrrrrRRRrrrrr ». Elles en profitent aussi pour nous charger une fois le dos tourné. Ce sont les seuls bestioles de l’île dont il faut faire un peu attention. On se croirait dans Jurassik Park. Des touradons un peu de partout, offrant une multitude d’obstacles, avec les otaries et les éléph’ faisant office de dinosaures derrière quelques mottes.


Jardin Japonais


Quand la météo n’est pas excellente, on va plutôt sur le champ des Albatros, c’est juste à côté de la cabane, donc ça permet de rentrer vite en cas de gros épisode météo merdique. Comme son nom l’indique, c’est une zone où on trouve beaucoup de Grands Albatros qui nichent. Les ornithologues passent une bonne partie de leur temps au champ des Albas pour faire des suivis sur les nids et les individus.


Grands albatros sur nids


Pour le coup avec la météo estivale, nous avons pu monter sur l’un des 3 sommets de l’île : les Monts Jules Verne. Ambiance bien particulière pour l’ascension. On part presque du niveau de la mer, le ciel n’est pas très dégagé...Plus on monte, plus les nuages étaient présents, et du givre recouvrait tous les rochers. Juste avant le sommet, après une vague de grêle, les nuages se sont levés...et là...c’était à couper le souffle ! Entre le givre du sommet, la rocaille en dessous, on voyait très loin (même jusqu’à la base), et l’océan tout autour. OK, on est bien sur une île, et elle est quand même bien petite. Mais comme c’est beau !ça nous a aussi permis de faire des prélèvements d’insectes intéressants. A cette altitude, et dans des conditions extrêmes, je ne pensais pas rencontrer grand-chose, et pourtant !  Ils sont même plus gros que ceux de basse altitude.


L'équipe en haut des Jules Verne (moi, Gaspard l'ornitho et Julien mon prédécesseur)


Finalement, les 5 jours sont passés très vite, et nous avons pris des couleurs ! A bientôt Pointe Basse !